Doléances rodilhanaises

illus histoire cahier doleances

Les habitants de Rodilhan, avant de rejoindre, avec ceux de Caissargues et Garons, Bouillargues pour former une commune, avaient rédigé leur dernier cahier des doléances à l'aube de la révolution.


VERBAL contenant délibération et nomination de députés - authentique. 12 mars 1789. Deux députés : Noble de Fournier fils, conseiller au Présidial, Colomb, bourgeois.
Signatures : Figon, Bertezène, Roux, Coudet etc ...


NOTICE
59 feux, pas de président. Rodilhan faisait partie du taillable et du consulat de Nîmes. La justice haute et basse dépendait du seigneur de Manduel. La maison de Calvisson inféoda plus tard la haute justice à Joseph de Fabrique, conseiller au présidial de Nîmes.
Taillable et consulat : soumis à la taille, impôt royal sur les biens et les personnes, dépendant du pouvoir politique nîmois (les consuls) Justice haute et basse : le seigneur peut juger toutes les affaires
et prononcer toutes les peines pour la première ; pour la seconde cela ne concerne que les affaires relatives à son propre droit ainsi que les délits et amendes de faible valeur.
Présidial : tribunal et juridiction pour les affaires peu graves.

CAHIER AUTHENTIQUE
Demandes et doléances des habitants du lieu et paroisse de Rodilhan.
1- Que la portion congrue des curés soit portée à 1200 livres et la rétribution des vicaires à proportion, et que, moyennant ce, ni les uns ni les autres ne puissent rien recevoir des communautés, pour l'abonnement des casuels ni autrement ;
Portion congrue : pension annuelle payée aux prêtres
Casuels : autres profits
2- Que la dîme ne soit perçue sur aucune espèce de fourrage, ni sur les menus grains, oignons et jardinages, non plus que sur les troupeaux, qui servent à l'engrais des terres ;
Dîme : impôt sur les récoltes
3- Que les droits de contrôle et de centième denier soient fixés par un nouveau tarif, d'une manière claire et précise, et que les contestations y relatives soient jugées par les tribunaux ordinaires ;
Centième denier : impôt sur les mutations immobilières
4- Que la gabelle soit supprimée, ou le prix du sel réduit, en sorte que l'on puisse en donner aux troupeaux ;
Gabelle : impôt indirect sur la production industrielle ou agricole, des denrées de luxe - particulièrement impopulaire sur le sel
5- L'abréviation des procès ;
6- Que dans les procès criminels il y ait, sans aucune exception, deux degrés de juridiction, et que le décret de prise de corps puisse être décerné que dans le cas où il échoit peine afflictive, et ce par trois juges au moins ;
7- Que les justices soient rapprochées, et que les causes, tant civiles que criminelles, soient jugées en dernier ressort à Nîmes ;
8- Que les habitants de la campagne soient rédimés des vexations que les huissiers leur font éprouver journellement par les séquestrations ;
Rédimé : racheté
9- Que les communautés soient tenues de fournir à frais commun les hommes pour la milice ;
10- Que les consuls, assistés de trois conseillers politiques, puissent juger en dernier ressort toutes les causes personnelles, sans ministère de procureur, jusqu'à 6 livres, et condamner à l'amende jusqu'à semblable comme ;
11- Que les ménagers et autres habitants de la campagne soient exempts du compoix cabaliste à raison de leurs bestiaux.
Ménager : paysan vivant de ses biens et productions
Compoix cabaliste : état des biens, bêtes, meubles, industrie (le compoix terrien ne concerne que les terres)
Signatures : Vier, Figon, Laval, Vier, Marieuge, Rainard, Roux, Roland, Marieuge, Picard, Chanel, Bertezène, Coudet, Mathieu, Vier.
Archives du Gard - C 1196

Le cahier, comme bon nombre d'autres en France à ce moment là, fait surtout état des nombreux impôts et taxes dont sont criblés les français ainsi que des miséreuses conditions d'un grand nombre de curés.
La révolution qui suivra verra un grand nombre de privilèges tomber.