A la veille de la première Guerre Mondiale

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A la veille du premier conflit mondial, les Rodilhanais vivent paisiblement dans un hameau comptant aux alentours de 340 à 350 habitants si l’on se réfère au dernier recensement connu et disponible de 1906. Plus précisément, on sait qu’il y a 109 personnes inscrites sur les listes électorales, des hommes âgés de vingt-et-un ans au minimum, en 1914.
La grande majorité de ces personnes vit de la terre. On dénombre 46 cultivateurs et 36 propriétaires ainsi que 4 jardiniers, 2 régisseurs et 1 fermier. Le chemin de fer, proche du village, emploie 6 personnes et l’on compte pas moins de 5 maréchaux-ferrants et 1 charron. 2 cafetiers, 1 épicier, 1 chauffeur d’auto, 1 industriel, 1 peintre auxquels il convient d’ajouter M. le curé et le garde-champêtre. Dans le hameau il n’y a que 3 retraités, soit même pas 1% de la population, les temps changent ! La moyenne d’âge sur cette liste électorale est de 49,5 ans.

La population de Rodilhan est composée de noyaux familiaux solides, régulièrement renouvelés ; depuis le début du siècle à peu près un tiers de cette population bouge tout en restant, à peu près, entre 300 et 350 habitants. Les apports depuis les départements «du nord», c’est à dire principalement la Lozère et l’Ardèche, sont nombreux ; certains pionniers n’hésitant pas à faire venir leur famille au complet une fois un travail ou une terre acquis. On croise aussi des familles qui suivent l’évolution du chemin de fer, en provenance de l’Hérault par exemple.
Tout le monde, pratiquement, travaille sur place, quelques uns font des affaires sur Nîmes, mais l’immense majorité des cultivateurs et propriétaires exercent sur le territoire qui, rappelons-le, est toujours partie de la commune de Bouillargues.

Cette agriculture est constituée principalement de vignes, sur la partie Costières, en très grand nombre, ainsi que d’oliveraies et de quelques pâtures, la partie en aval du village révélant une plus grande exploitation de jardins.
La petite communauté est toujours préoccupée de son indépendance. Sept ans en arrière elle fait une demande au Conseil Général qui émet un avis favorable. Les choses mettront plus de temps que prévu et les guerres ne faciliteront pas la tâche.

Le hameau connaîtra deux mariages en cette année 1914, le 21 avril Auguste BOURDANOVE épouse Sophie Eugénie MAURIN, de Rodilhan. Son frère Clément qui décèdera le 14 septembre 1918 est présent. Un autre de ses frères, Ernest Julien décèdera Mort Pour la France, le 20 octobre 1918. Le second mariage verra Honoré Gaston BOMPARD épouser Juliette CAVALÉZY, témoin du mariage précédent, le 26 juin 1914. Honoré Gaston BOMPARD participera au conflit en étant incorporé le 2 août suivant.

Parmi les jeunes non inscrits sur la liste électorale, 4 sont déjà sous les drapeaux et le resteront lors de la mobilisation générale, trois autres d’entre eux seront incorporés plus tard, parmi lesquels le plus jeune des Morts Pour la France de Rodilhan : Albert Léopold PIOCH. Deux autres rodilhanais sont toujours militaires en cette année 1914.

Le premier août 1914 le tocsin de l’église sonne et alerte la population qui se rassemble autour des affiches annonçant l’ordre de mobilisation générale. Les hommes en âge devront se mettre en route et regagner leur régiment, la fleur au fusil, sûrs de la victoire proche. L’avenir leur donnera tort et nombreuses seront les familles décimées.

En tout ce sont 52 Rodilhanais qui participeront au conflit ; d’autres, non présents sur la liste électorale, pas encore recensés, mais notés comme résidant à Rodilhan au moment de la déclaration de guerre seront toutefois considérés comme habitants du hameau et ayant participé à la campagne contre l’Allemagne.