Rodilhan commune (suite)
Comme nous l'avons vu précédemment, avant d'être commune Rodilhan était une paroisse dépendant, au fil des siècles, de différents seigneurs, consuls, abbayes, évêchés quant aux impôts et taxes ou aux pouvoirs royal et spirituel.
On remarquera parmi tous ces impétrants les seigneurs d'Uzès au XIIe, le fameux Guillaume de Nogaret au XIVe (en 1306 il avait haute et basse justice sur les douze feux du village). En 1322 les consuls de Nîmes avaient les deux tiers des bans de plusieurs paroisses, dont Rodilhan. En 1539, dans l'état du chapitre de Nîmes, c'est un infirmier qui avait le soin des malades et qui devait leur donner tous les remèdes dont ils avaient besoin qui possédait les bénéfices de Saint Martin de Quart, de Saint Jean de Polvelières et de Rodilhan. Au XVIIe ce sera Joseph de Fabrique, conseiller au présidial de Nîmes qui obtiendra la haute justice sur les terres rodilhanaises pour les céder ensuite à son gendre M. Julien.
Un peu plus d'un an après le début de la révolution, les législateurs décidérent de créer la commune de Bouillargues. Le procès-verbal de l'assemblée nationale du mardi 9 novembre 1790 au matin nous apprend :
"L'Assemblée Nationale, après avoir entendu le rapport du Comité de Constitution sur la pétition du Directoire du Département du Gard, et du Conseil du District de Nîmes, décrète ce qui suit :
Article Premier
Les paroisses de Bouillargues, Rodilhan, Caissargues et Garons, formeront entr'elles, et séparément de la Ville, une seule et même Municipalité dont le Siège sera établi à Bouillargues.
Article deux
Il ne sera rien innové, quant à présent, aux impositions, octrois, dettes et affaires communes, entre la Ville de Nîmes et les Paroisses, jusqu'à l'établissement du nouveau mode d'impositions décrété par l'Assemblée Nationale, sauf, à cette époque, à procéder à la division des affaires communes, sous la surveillance des Directoires de Département et de District.
Article trois
Les lieux de Bouillargues, Rodilhan, Caissargues et Garons, demeureront distraits de l'arrondissement du Canton de Nîmes ; les communautés de Manduel et de Redessan le seront aussi de l'arrondissement de Marguerites, et il sera formé de leur réunion un huitième Canton dont Manduel sera Chef-lieu, et qui sera formé ainsi qu'il suit : Manduel, Bouillargues, Redessan, Caissargues, Rodilhan, Garons."
On notera que ces différents découpages, regroupements, tiennent compte de données géographiques (sud-est de l'agglomération principale) et non de contingences politiques et sociales.
Les parlementaires ne s'arrêteront pas là dans leur construction communale. Le 5 mai 1791, ils promulgue un décret relatif à la circonscription des paroisses des districts de Nîmes, Beaucaire, Sommières,
Pont Saint Esprit, Saint Hippolyte du Fort et Alais :
"[...] Bouillargues formera une paroisse desservie par un curé et un vicaire et aura pour succursales Caissargues, Garons et Rodilhan qui auront chacun un vicaire [...]".
L'Histoire se mettait de nouveau en route en cette fin de 18e siècle. Elle bousculait des habitudes séculaires en reformant des territoires, créant de nouvelles habitudes, apportant son lot de mécontents et de satisfaits. Cent soixante dix ans plus tard le hameau de Rodilhan obtiendra son indépendance qu'il n'avait de cesse de demander depuis des décennies.
Les territoires, à nouveau, bougeaient, les habitudes, à nouveau se modifiaient.